vendredi 23 avril 2010

Note du vendredi

Je m'habille de tes vêtements, vole tes cigarettes, terrorise le pervers d'en face qui nous mate, jette tes milliards de feuilles à travers la pièce.
Je te laisse mes mots sur la banquette arrière, mes douleurs dans le verre tâché de médicaments, mes petits malheurs dans le siphon de la baignoire.
Je peux te confier cette histoire, peut-être aussi celle-là. Je peux te dire que je vais mieux depuis toi.
Mais pas tout de suite. Pas tout de suite, les trois mots sanctionnant mes jours attachés aux tiens, les trois mots m'obligeant à ne pas me noyer encore une fois, les trois m'interdisant de tout gâcher.

samedi 10 avril 2010

Note du samedi

Quand j'ai l'impression d'écrire dans le vide, quelqu'un dit que je le touche. Et que mes mots le remplissent...
Moi, mon coeur s'est gonflé d'une fierté toute nouvelle.

Je suis assise en tailleur devant l'ordinateur familial.
Mon voyage a pris trois heures de plus, j'ai traversé la France au milieu de revendications salariales.
Rennes-Paris, assise sur le sol du wagon bar, les Killers et son texto hésitant.



L'ordinateur s'est échappé, je n'ai pas chercher à rattraper tout ça dans l'instant.
La sauvegarde automatique est une invention formidable.



Il y a une photo sur son bureau où dans la lumière orange de Saint-Malo, mes cheveux se transforment presque en un flambeau.
Nos matins me font penser à "L'échec" de Yann Tiersen. On mangeait des tartines, la fenêtre entre-ouverte.

lundi 5 avril 2010

Note d'un lundi qui ressemble à un dimanche

Il pleut. Ma main serre le bord de ma veste, près du poignet. Là où les veines se dessinent, comme un saule pleureur. Le sang frappe mes tempes, je me mords la lèvre. Juste le coin. Geste si fréquent. Une mèche de cheveux se colle à ma joue.
Une goutte de pluie coule sur ma clavicule, je regarde le ciel et tu souris, parce que je fais souvent ça. Regarder le ciel.
Sur la terrasse, tu dis que je ressemble à Fanny Ardant. Tu dis que je devrais rentrer. Tu dis, je ne sais pas, je ne t'écoute pas. Je ne sais même pas si tu me dis tout ça à moi, ou si tu veux juste étouffer le silence, les gouttes de pluie dans le cendrier.