samedi 3 juillet 2010

Note du samedi

Quand je me suis arrêtée, j'ai senti chaque centimètre de ma peau nue brûler. J'ai tendu l'oreille, comme si j'allais entendre un frémissement, comme si mon corps allait griller sur le bitume.

Dans quelques heures, je serai à Rome. Un voyage en Panda. Halte à Milan. Plus de douze heures. J'ai déjà imaginé chaque seconde de ce mois d'expatriation.

mardi 8 juin 2010

Note du mercredi

Je suis d'une instabilité accablante. Assise sur le canapé, depuis une petite heure. Je me laisse glisser. Quelque chose me pince, je ne sais pas trop quoi. Ma vue s'est presque brouillée, mais j'ai fermé les yeux.

mercredi 19 mai 2010

Note d'un mercredi honteux.

J'ai passé la journée à lire dans l'herbe.

J'avais des choses à faire.

Mais je m'en suis dispensée.

Honteuse.

vendredi 23 avril 2010

Note du vendredi

Je m'habille de tes vêtements, vole tes cigarettes, terrorise le pervers d'en face qui nous mate, jette tes milliards de feuilles à travers la pièce.
Je te laisse mes mots sur la banquette arrière, mes douleurs dans le verre tâché de médicaments, mes petits malheurs dans le siphon de la baignoire.
Je peux te confier cette histoire, peut-être aussi celle-là. Je peux te dire que je vais mieux depuis toi.
Mais pas tout de suite. Pas tout de suite, les trois mots sanctionnant mes jours attachés aux tiens, les trois mots m'obligeant à ne pas me noyer encore une fois, les trois m'interdisant de tout gâcher.

samedi 10 avril 2010

Note du samedi

Quand j'ai l'impression d'écrire dans le vide, quelqu'un dit que je le touche. Et que mes mots le remplissent...
Moi, mon coeur s'est gonflé d'une fierté toute nouvelle.

Je suis assise en tailleur devant l'ordinateur familial.
Mon voyage a pris trois heures de plus, j'ai traversé la France au milieu de revendications salariales.
Rennes-Paris, assise sur le sol du wagon bar, les Killers et son texto hésitant.



L'ordinateur s'est échappé, je n'ai pas chercher à rattraper tout ça dans l'instant.
La sauvegarde automatique est une invention formidable.



Il y a une photo sur son bureau où dans la lumière orange de Saint-Malo, mes cheveux se transforment presque en un flambeau.
Nos matins me font penser à "L'échec" de Yann Tiersen. On mangeait des tartines, la fenêtre entre-ouverte.

lundi 5 avril 2010

Note d'un lundi qui ressemble à un dimanche

Il pleut. Ma main serre le bord de ma veste, près du poignet. Là où les veines se dessinent, comme un saule pleureur. Le sang frappe mes tempes, je me mords la lèvre. Juste le coin. Geste si fréquent. Une mèche de cheveux se colle à ma joue.
Une goutte de pluie coule sur ma clavicule, je regarde le ciel et tu souris, parce que je fais souvent ça. Regarder le ciel.
Sur la terrasse, tu dis que je ressemble à Fanny Ardant. Tu dis que je devrais rentrer. Tu dis, je ne sais pas, je ne t'écoute pas. Je ne sais même pas si tu me dis tout ça à moi, ou si tu veux juste étouffer le silence, les gouttes de pluie dans le cendrier.

vendredi 26 mars 2010

Note du vendredi

Je sentais mes cheveux s'emmêler dans les gifles du vent.
Compay Segundo, l'odeur du tabac sur tes doigts.
Mes pieds un peu mouillés, mon visage glacé, ton rire agacé.
Ton français maladroit à mon oreille, des gouttes de pluie se jettent des arbres.
Et ton absence, qui me sautera dessus, mais ce n'est qu'un détail.

mercredi 17 mars 2010

Note du mercredi

J'ai souvent ces absences, ces silences presque puériles. Je tourne le dos aux obligations, aux choses moins obligatoires. Je me renferme, certains disent que parfois, je joue les coquillages.
Cela étant dit, je ne parviens pas à justifier cette absence. Je suis presque timide ici.

Je suis dans la période "Au travail!".
Je fais la liste des commentaires littéraires à rendre, des dossiers, un peu désabusée.
Et j'ai honte, quand je vois les heures filées.

mardi 2 mars 2010

Note du mardi

J'ai parfois honte de mon comportement de castor sociopathe, qui se trouve résumé en cette seule phrase : je rêve de mon lit et d'un bouquin depuis ce matin.

jeudi 25 février 2010

Note du jeudi.

J'ai pris des boulevards déserts à l'arrière d'une moto, tard dans la nuit.
Mes mains glissaient sur son blouson et je crois qu'on roulait beaucoup trop vite.
Mon casque pesait trop sur les quantités d'alcool ingérées.

Mon ventre se nouait.
Quelques minutes avant, je lui avais dit que je ne désespérais pas, que je finirais par trouver. Qu'au final, tout ça n'a peut-être pas de sens.

J'ai tourné la tête et j'ai vu des arbres esquisser une danse quasi fantasmagorique derrière nous.

lundi 22 février 2010

Les gens disent que ce bouquin est lent et bizarre.
Peut-être que j'aime les choses bizarres...



Note du lundi

Je prends sur moi.

Je crois que je suis très courageuse.

jeudi 18 février 2010

Note du jeudi

Ce matin, quelque chose s'est effondré.

jeudi 11 février 2010

Garden State, de Zach Braff.

mardi 9 février 2010


Invictus, de Clint Eastwood.

Invictus

Dans la nuit qui m'environne,
Dans les ténèbres qui m'enserrent,
Je loue les dieux qui me donnent
Une âme, à la fois noble et fière.

Prisonnier de ma situation,
Je ne veux pas me rebeller.
Meurtri par les tribulations,
Je suis debout bien que blessé.

En ce lieu d'opprobres et de pleurs,
Je ne vois qu'horreur et ombres
Les années s'annoncent sombres
Mais je ne connaîtrai pas la peur.

Aussi étroit soit le chemin,
Bien qu'on m'accuse et qu'on me blâme
Je suis le maître de mon destin,
Le capitaine de mon âme.

William Ernest Henley

Bright Star, de Jane Campion.

Si vous saviez comme ce film m'a bouleversée.
J'aime la délicatesse de certaines scènes, comme lorsque le rideau de lin se soulève dans sa chambre et qu'elle a l'air si calme.
J'aime la violence de la fin, sa voix rauque et son souffle coupé.
Du grand art.

Note du mardi

Ce matin, je faisais partie de la France qui se lève tôt.
A cinq heures, j'observais mon reflet blafard dans la salle de bain.
Une heure plus tard, c'était le sac à l'épaule que j'attaquais la côte qui mène à la gare.

J'avais presque l'impression d'effleurer un savoir mystique.
Tous les volets étaient encore fermés, je n'ai croisé ni voiture, ni homme, ni chat.
Je respirais un air étrange, comme saturé d'immobilité.
Les lampadaires éclairaient la route d'une lumière spectrale.

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Nous étions six dans le wagon.

Quand je me suis endormie, je sentais dans mon dos sclérosé le chemin de fer chaotique.

samedi 6 février 2010

Note du samedi

J'aime bien commencer une journée par une bonne nouvelle.
Une qui fait que le stress des douze semaines de cours avait des raisons d'être, que les nuits amputées valaient la peine.

Quand j'ai lu ça, j'ai eu des fourmis dans le plexus solaire.
Alors j'ai couru dans les escaliers rejoindre ma mère.
Mes frères dormaient encore et mes pieds volaient au-dessus de trois marches à la fois.

J'ai mon semestre.

jeudi 4 février 2010


Quand on est de l'autre côté du pont, il faut tourner à droite pour arriver chez moi.
J'aime habiter à côté d'une rivière.
Savoir qu'il me faut traverser un pont pour arriver à la campagne.

C'est ici qu'on a jetée ses cendres.
A cet endroit précis.
J'aime savoir que des mûres y poussent tout près.
Ce n'est pas triste.

Note du jeudi

Dans ma rue il y avait une ambulance. Juste devant ma porte. Il faisait déjà nuit. Il pleuvait un peu et les gyrophares heurtaient les colombages.
J'ai cette lumière en horreur. Je l'ai toujours vu comme annonciatrice de blessures, de sang, de chagrin. Je me tais toujours quand je la vois. Je crois qu'elle me gêne.

Quand j'avais neuf ou dix ans, on revenait de la piscine un dimanche matin. Il y avait une grue et dans les rochers qui plongent vers l'Allier une voiture. Écrabouillée. Sur le capot. Je crois que mon sac de sport est devenu trop lourd. Je me souviens de ma mère qui m'avait serré plus fort la main et du pompier qui a dit "elle est morte sur le coup".
C'était effrayant, cette pente abrupte, cette voiture pulvérisée.
J'emprunte souvent ce chemin. Et à chaque fois je repense à ce dimanche matin, à l'épaisseur réduite de la voiture, à la main de ma mère et à mon cœur qui se serre.

mardi 2 février 2010

Note du mardi

C'est le Jour des Crêpes.
Et je crois que ce sont ces jours-là qu'Ils me manquent le plus.
Même si... Même si.

Il paraît que la pâte à crêpes la plus simple répond à la Règle Quatre Trois Deux Un (quatre verres de lait, trois œufs, deux verres de farine et une pincée de sel).
Et ça, c'est un peu magique comme formule.

lundi 1 février 2010

Diarios de motocicleta, de Walter Salles.

Note du lundi

Quand je vois mes cernes, je suis tentée de m'interdire toute nouvelle dose de caféine.
Je crois que j'ai mis le doigt dans un engrenage, que je bois du café parce que je suis fatiguée à cause du café.
Je ne sais plus comment j'en suis venue à m'endormir si tard. C'est certainement en suivant le fil des pages sur le Romantisme allemand. Chaque soir j'escaladais un peu plus haut les minutes. Jusqu'à observer les immeubles plonger dans le jour suivant. Jusqu'à entendre L. fermer le bar.
J'ai presque l'impression de toiser un royaume, de régner en souveraine sur la ville. Je regarde les toits d'en face. J'écoute le silence, le radiateur qui claque, le frigo qui ronronne. Parfois, quand je me sens fragile, je fais des choses. Je regarde sur Internet comment poussent les théiers en pot, fais des damiers sur des feuilles à carreaux format A4 ou ramasse un crayon avec mes orteils en regardant la télé.
Puis le sommeil, ou la raison, me pousse à déplier le clic-clac.
Je m'allonge.
Et j'attends.

dimanche 31 janvier 2010


Le Violon d'Ingres, de Man Ray.

Note du dimanche

Je me suis longtemps levée tôt les dimanches.

Il était à peine huit heures quand petite je sortais de ma chambre à pas feutrés et tournais la poignée du salon. Je me lovais dans le canapé.
Je regardais le ciel par la grande fenêtre.

Mes parents dormaient encore ensemble.
Théodore serrait Potame, l'hippopotame vert de mes nuits de bébé.
Victor dormait avec une petite voiture entre chaque doigt.

Mais j'ai grandi et les années filantes laissent un poids sur mon sommeil.
Je ne sais pas si c'est mon extrême fatigue, la lassitude ou les heures de chagrins à cicatriser mais je dors.
Presque paisiblement.
Je ne rêve plus. Je ne me réveille plus la nuit.
Je m'éteins.

Je crois que 10 heures est l'heure légale du réveil des dimanches, vacances et jours fériés.
Alors j'exerce mes nuits à tourner encore un peu.
Je tiens compte de mes Records de Levée Tard. Le matin, de la brume dans les cheveux, j'approche mes yeux myopes à quelques centimètres de mon réveil. Et je compare, je compte, j'établis un podium.
Je saute de mon lit, pour ne pas être fauchée par un coup de mélancolie entre les omoplates.


Ce matin, en ouvrant les volets, je me suis sentie bien.
J'ai bu mon café dans la cour, il y avait de la poussière de froid sur le toit.
Je regardais le ciel...

samedi 30 janvier 2010

Tokyo Sonata, de Kiyoshi Kurusawa.

Note d'une entrée.

Je ressentais tout juste un petit picotement.
Mais pour tout de même conserver mes souffles, j'ai cherché ce qui m'échappait.
Et je n'ai pas trouvé.
Alors j'ai oublié.

Je crois que c'est sur la plage, en regardant l'écume, que je me suis souvenue.
Je crois que c'est à ce moment précis que j'ai compris que j'avais le droit d'être en vie.
Et comme dans un souffle de vent, quelque chose est tombé d'entre mes poumons.

J'étais libre.